Le soleil était encore très bas, la rosée couvrait l'herbe des collines et seul le timide chant des oiseaux laissait penser que des êtres peuplaient cette prairie herbeuse. Le vent secoua doucement les feuilles d'un viel arbre.
Mais étaient-ils vraiment les seuls ?
Non. Une foulée rapide pasait par dessus les herbes hautes. Un bruit de course. Quelques secondes sécoulèrent avant d'une mais rougie par le froid ne s'appuie sur l'écorce de l'arbre. Haletant, un jeune garçon tentait de reprendre sont souffle, penché vers l'avant et appuyé sur son genou.
Ses cheveux noirs masquaient son visage. Il portait un tee-shirt noir et poussirieux ainsi qu'un jean déchiré en plusieurs endroits.
Ce garçon n'était autre qu'Eliott, le Chef des Chevaux. Ses courses matinales le menaient souvent jusque dans la pampa. Il était le seul enfant de l'Île depuis son arrivée mais la présence de d'autres gamins ne lui manquait pas. Eliott était un solitaire.
La respiration irrégulière, il savourait la fraîche matinée. Sa tête était vidée de problèmes, il était libre.
Boum... boum... boum... boum... boum... boum... boum... boum...
Le garçon entendait son coeur frapper dans sa poitrine et il se sentait plus vivant que jamais. Toujours appuyé contre l'arbre, fatigué par ses longues minutes de course, il l'écouta encore.
Boum...boum... prfff... boum... boum... huuun... boum... boum... prrffff... paaf...
Non, ce n'était pas son coeur. Du moins pas seulement. Sur l'écorce abimé, son poing se serra soudainement. Et il se redressa d'un coup. Alors, ce qu'il vit lui coupa le souffle. Il resta paralysé de surprise.
Une dizaine de chevaux sauvages se tenaient face à lui. Leurs robes barriolées tranchaient sur l'herbe claire et devant leurs naseaux se formaient des nuages de vapeur dans l'air froid. A leur tête se tenait un petit cheval au poil très sombre, presque noir. Il était un peu en avant des autres et son sabot avant frappait durement le sol au rythme des bourrasques qui soulevaient son épaisse crinière.
Eliott était fasciné. Dans les yeux de cet étalon, plus proche de l'arbre, il lisait quelque chose. Il lisait la liberté, la même qu'il ressentait ici. Les yeux gris du garçon ne pouvaient se détacher de ceux, sombres, de celui qui semblait être le meneur du troupeau. Les petits chevaux, aux robes pies, alezannes, blanches, grises souris, noir pangarés et autres, présentaient leur épais pelage d'hiver. Ils étaient robustes et musclés, parfaitement adaptés à la vie sauvage.
Alors doucement, Eliott baissa la tête vers l'avant, s'arrachant à la contemplation de temps de splemdeur. Et il salua le chef du troupeau. Second maître de l'Île, roi libre et sauvage.
Il ne tenta pas de l'approcher.
Cette confrontation silencieuse lui sembla durer des heures mais en fait, les merveilleux animaux ne restèrent face à lui que quelques secondes. En effet, à peine Eliott eut il relevé la tête que le cheval à la robe noire poussa un henissement bref et tous, tel un seul être, firent demi-tour et partirent au galop dans un tonnerre de sabots contre le sol. Eliott les compta, ils étaient onze.
Bientôt, les croupes serrées disparurent de son champs de vision. Le jeune garçon murmura ne pouvant retenir un large sourire :
- Nous nous retrouverons bientôt... seigneurs des plaines.
Le garçon à la crinière noire se laissa alors tomber assis dos contre l'arbre.
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